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Sürealism ve Fransız Edebiyatında Sürrealist Şairler

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LE SURREALISME ET LES POETES SURREALISTES DANS LA LITTERATURE FRANCAISE

Hazırlayan: Ali UMUR

 

ÔZET

Birinci Dünya Savaşı yıllarında psikiyatri bölümlerinde çalışmış ve Freud'un düşünceleriyle yakından İlgilenmiş olan Dr. Amire Breton tarafından sistemleştirilmiş; ilk bildirisi (Le Premier Manifeste du Surrealisme) yine onun tarafından 1924'te, bunu tamamlayıcı ikinci bildirisi (Le Second Manifeste du Surrealisme) ise 1930'da ilân edilmiştir.

Güzel sanatların çeşitli kolları yanında 1919'dan itibaren edebiyatta; bilhassa şiirde etkili olan sürrealizm, en parlak dönemini 1924-1928 yılları arasında yaşamıştır. Sürrealizmin kurucusu ve lideri Breton, diğer sürrealistlerin bir kısmı gibi, eski bir dadaisttir. Gerçeküstücülük. Avrupa’da birinci ve ikinci dünya savaşları arasında gelişmiştir. Temelini, akılcılığı yadsıyan ve karşı-sanat için çalışan ilk dadaistlerin eserlerinden alır.

1924'te "Manifeste du Surrealisme"i (Sürrealizm Manifestosu) hazırlayan şair Andre Breton'a göre gerçeküstücülük, bilinç ile bilinç dışını birleştiren bir yoldur. Gerçeküstücülük akımı, gerçek dışı anlamında değil aksine gerçeğin insandaki iz düşümü şeklinde bir yaklaşımdır. Sigmund Freud’un teorilerinden etkilenen Andre Breton için, bilinçdışılık düş gücünün temel kaynağı, deha ise bu bilinçdışı dünyasına girebilme yeteneğiydi. Breton’un yanı sıra Louis Aragon, Benjamen Peret, otomatik yazı yöntemleri üzerinde deneyler yaptılar. Kendi söylemleriyle, "gerçeküstü dünyanın düşsel,cinsel,sapkın imgelerini geliştirmeye" başladılar. Bu şairlerin dizelerindeki sözcükler, mantıksal bir sıra izlemek yerine bilinçdışı psikolojik süreçlerle bir araya geldiği için insanı irkiltiyordu. Gerçeküstücülük, yöntemli bir araştırma ile deneyi ön planda tutuyor, insanın kendi kendisini irdeleyip çözümlemesinde sanatın yol gösterici bir araç olduğunu vurguluyordu.

 1925’ten sonra gerçeküstücüler dağılmaya, başka akımlara yönelmeye başladı. Ancak bu akım, resimden, sinemaya, tiyatroya kadar bir çok sanat dalını derinden etkiledi. Andre Breton’un yanı sıra P. J. Jouve, Pierre Reverdy, Robert Desnos, Louis Aragon, Paul Eluard, Antonin Arnaud, Raymond Queneau, Philippe Soupault, Arthur Cravan, Rene Char, Federico Garcia Lorca, Salvador Dali gerçeküstücülük akımının önemli isimleridir 

SUMMARY

The strength of the surrealist movement can be attributed in large part to one man, French poet André Breton, who helped found the movement after World War I in France. Surrealism was a reaction to Dadaism, which was itself a reaction to the “logic” that dadaists believed had caused the war. Surrealism, however, sought a more constructive way to rebel against rational thought than the more negative Dadaism. Drawing on the psychoanalytic studies of Sigmund Freud, the surrealists tried to expand the mind’s potential by reconciling the apparently contradictory states of dream and reality. In a series of sometimes dangerous experiments, Breton and others attempted to put themselves in a hallucinatory state, in which they believed they could tap directly into their subconscious minds and extract pure thoughts, untainted by the conscious mind and its rational constraints. Since the surrealists prized individual revelation over conscious forms, themes varied among the poets, although many wrote about some form of love or nature.

While Breton and Phillipe Soupault wrote “The Magnetic Fields”, considered by many to be the first truly surrealist text, in 1919, it was not until 1924, when Breton published his Manifesta of Surrealism, that the movement was officially founded. Breton ruled the group like a dictator, and his strict adherence to surrealist principles led to many expulsions and defections from the group. Nevertheless, the surrealists, who also included Paul Eluard and Robert Desnos, flourished for the next two decades, until the outbreak of World War II. Although the majority of the group’s members were poets, some tried their hand at prose as well. Breton’s novel Nadja was one of the most successful attempts. Surrealism inspired related movements in painting, sculpture, drama, and film, and has had a lasting influence on the creative arts as a whole.


INTRODUCTION

Le Surréalisme est un courant littéraire et artistique avant-gardiste né après la première Guerre Mondiale à Paris. Il fait appel à l’inconscient de l’homme. Ce mouvement rassemble deux termes : «transformer le monde » (Karl Marx) et « changer la vie » (Rimbaud). Cette désignation trouve son origine dans une expression de Guillaume Apollinaire de 1917 et a été consolidée sur une base théorique par le “Premier Manifeste du Surréalisme” d’André Breton en 1924. Celui-ci définit la beauté "surréaliste" comme "érotique voilée". C'est l'écriture automatique, on écrit ce qui ce passe par la tête, c'est la recherche de l'insolite. Les surréalistes pensent qu'un artiste ne peut prévoir son œuvre, mais qu'il doit la laisser se former en toute liberté. Même si, au premier regard, le résultat peut paraître extrêmement étrange, on doit laisser de coté ses préjugés et accéder à l'état de rêve de l'artiste. Ce sont les expressions "spontanées" ou "sauvages" auxquels les surréalistes n'ont cessé de porter la plus grande importance.

Le mot "surréalisme" fait aujourd'hui partie du langage courant. Il illustre ce qui n'est pas ordinaire, ce qui échappe à toute réalité, ou ce qui dépasse l'entendement. Mais son sens s'est élargi, au point que nous en oublions son origine.

Ce mouvement littéraire, dont on peut dater les activités entre 1924 et 1939, représente un développement majeur dans la création et l’esthétique contemporaines. Plus qu’un mouvement artistique et littéraire, le surréalisme est aussi une

"véritable révolution culturelle, puisqu’il nous propose un bouleversement des idées, des images, des mythes, des habitudes mentales qui conditionnent à la fois la connaissance que nous avons de nous-mêmes et notre engagement dans ce monde." (Bréchon ,1959:page 70)


1.   Les Origines Du Surréalisme

Soupault, Aragon et Breton sont les fondateurs du surréalisme "les 3 mousquetaires" : ils veulent remettre en question le langage et la signification de l'Art. En 1919, ils font paraître une revue "Littérature" et trois mois plus tard , Soupault et Breton, publient "Champs magnétiques". C’est ainsi que le surréalisme est né.

Avant de parler de ce courant littéraire et de tenter de le comprendre, il est important d'aborder les origines et les inspirations du surréalisme qui permettent de mieux expliquer le développement de ce courant.

En effet c'est Guillaume Apollinaires qui donne le nom de surréalisme au mouvement après avoir qualifié sa pièce de théâtre “Les mamelles de Tirésias” comme étant "surréaliste".

Le Surréalisme a attiré beaucoup d'artistes venant du Dadaïsme. Ce courant très important pendant les deux premières décennies du vingtième siècle se rebellait contre les valeurs culturelles mises en question pendant la première Guerre Mondiale. Le dadaïsme était moins une nouvelle forme d'art qu’un forum pour l'opinion artistique et pacifiste. Les Dadaïstes, en rébellion contre les critères artistiques bourgeois, préféraient à employer des méthodes peu communes à l'art et donc choquantes et provocantes. Marcel Duchamp, par exemple, prenait des objets de la vie courante et les déclarait comme étant des objets d'art. Ainsi un pissoir ordinaire est devenu une œuvre, chamboulant par la même occasion la vision populaire du potentiel de création. La littérature dadaïste employait également des moyens inconventionels, en éliminant par exemple le langage comme porteur de sens. Par exemple, dans son poème intitulé “Die Karawane” de Hugo Ball ce sont uniquement les intonations des sons, symbolisant la lenteur de la caravane de chameaux, qui attirent l’intérêt.

2.    Un Mouvement De L'entre-Deux Guerres

Le surréalisme est né en 1919 sur les traces du mouvement Dada. À cette date paraît en effet le premier numéro de la revue “Littérature” fondée par André Breton, Philippe Soupault et Aragon contient le premier texte surréaliste, “Les Champs magnétiques”, rédigé par Breton et Soupault. Au lendemain de la Première Guerre Mondiale, ce mouvement participe au sentiment de révolte d'une société traumatisée par les horreurs d'un conflit qui a détruit ses croyances humanistes et rationalistes.

Le surréalisme se bâtit autour de la personnalité fédératrice d'André Breton qui consomme dès 1922 la rupture avec le Dadaïsme et publie en 1924 “le Manifeste du Surréalisme”. André Breton fait la définition du surréalisme:

“surréalisme, automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.” (Chamalières,1996: page 140)

Il y définit l'écriture surréaliste comme une expression libre de tout contrôle de la raison et des carcans sociaux, permettant de pénétrer au cœur des processus psychiques. Le surréalisme se place d'emblée en dehors et au-dessus de toute mission esthétique ou morale et se distingue d'une école littéraire. Il vise l'appréhension du surréel, cette réalité supérieure cachée au commun des mortels. Influencé par la pensée de Freud, Breton prône l'écriture automatique comme un moyen de libérer la richesse productive de l'inconscient et se réfère à l'omnipotence du désir. Le genre de prédilection du surréalisme est la poésie qui constitue une des trois composantes du triptyque surréaliste « amour, liberté, poésie ». Le groupe surréaliste se compose de nombreux poètes tels que Robert Desnos, Louis Aragon, Paul Éluard, Benjamin Péret, Philippe Soupault, Raymond Queneau et Joseph Delteil.

Dès 1925, les écrivains surréalistes s'intéressent à la pensée de Karl Marx et en 1927, plusieurs écrivains surréalistes confirment leur engagement politique par leur adhésion au Parti communiste. Cette orientation politique du mouvement provoque des dissensions et de violentes querelles au sein du groupe qui occasionneront les départs d'Antonin Artaud, Philippe Soupault, Robert Desnos et Michel Leiris, Breton et Aragon. Ils rompent définitivement après que le second épouse totalement la cause communiste tandis que le premier quitte le PCF. En 1930, Breton publie “le Second Manifeste du Surréalisme” qui relate les revers du rapprochement entre le mouvement surréaliste et le parti communiste.

Peu à peu, la dispersion du groupe s'accentue. En 1938, Breton rencontre Trotski au Mexique et en 1941, il s'exile à New York où il forme un nouveau groupe surréaliste. En 1946, de retour à Paris, Breton reprendra son rôle fédérateur dans un groupe encore recomposé et fera vivre intensément le surréalisme au cœur de nouvelles expositions. Le dynamisme du mouvement ne se démentira pas jusqu'à la mort de Breton en 1966. Trois ans plus tard, Jean Schuster publiera dans “le journal Le Monde” l'acte de décès officiel du surréalisme.


CHAPITRE I

LA FORMATION DU SURREALISME

I    1. La Gestation Du Surréalisme

Le Surréalisme dérive directement du Dadaïsme duquel il tire sa tendance antibourgeoise. Partant de la psychanalyse de Sigmund Freud, les artistes de ce courant n'essayent plus de représenter la réalité extérieure mais plutôt de faire ressortir l'inconscient, le pulsionnel et l'irrationnel. Par conséquent, l’œuvre surréaliste suit la logique du rêve; des visions brouillées, l'impression bizarre que les gens et les choses se mêlent et interchangent, devenant donc le centre d'intérêt.

L'invention du mot surréalisme revient à Guillaume Apollinaire (1880-1918), poète attentif aux avant-gardes artistiques et bénéficiant d'une aura auprès de jeunes créateurs. André Breton, jeune homme de vingt et un ans, assiste le 24 juin 1917 à la première d'une pièce, “Les Mamelles de Tirésias”, que l'auteur, Apollinaire, qu'il estime.

Deux ans plus tard, Breton fonde avec deux amis, Louis Aragon et Philippe Soupault, une revue de littérature, que rejoint bientôt Paul Eluard. L'équipe est séduite par un mouvement né en Suisse, le turbulent dada, pour lequel Breton écrit en 1920 un article dans la revue NRF. Il y reprend le mot surréalisme pour qualifier cette fois ce qui entoure la forme originale d'écriture automatique qu'il explore avec ses compagnons. Ce groupe devient surréaliste à part entière et rompt avec les dadaïstes en 1922.

“Un dadaïste est un homme qui aime la vie sous toutes ses formes évidentes et qui sait et dit: pas seulement ici, mais là aussi, là, là est la vie ! ". En 1916, des artistes, des écrivains, des immigrés et des opposants au régime se retrouvent à Zurich, au Cabaret Voltaire. C'est d'ici que se propagera le Dadaïsme, un courant stylistique artistique et littéraire né sous l'impression de la Première Guerre Mondiale. Le mouvement qui existera jusque vers 1923 se dresse contre les idées existentielles et artistiques bourgeoises: sans se soucier de logique, de morale et de conventions, les dadaïstes cherchent à créer un anti-art provoquant et refusent tout système esthétique. Leurs moyens d'expression essentiels sont le collage, le montage et l'assemblage volontaire d'éléments variés isolés de leur contexte et à partir desquels ils réalisent des images, des objets ou des poèmes bruitistes.” (Pompidou, 1978:page 80)

Reprenant le procédé des dictionnaires, Breton définit le surréalisme dans

“le premier Manifeste du surréalisme” paru en octobre 1924.

"En hommage à Guillaume Apollinaire, qui venait de mourir (...), Soupault et moi nous désignâmes sous le nom de surréalisme le nouveau mode d'expression pure que nous tenions à notre disposition et dont il nous tardait de faire bénéficier nos amis. (...)surréalisme, n.m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. “ (Breton , 1924: page 120)

Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques et à prendre place dans la résolution des principaux problèmes de la vie. Breton donne ensuite la liste de ceux qui, au présent ou au passé, ils font acte de surréalisme absolu. Dans les années 1920, le surréalisme connaît un véritable "âge d’or" avec la parution des oeuvres majeures, l'exploration pionnière de domaines multiples entourant l'homme et sa capacité de création, sa relation avec le monde et les sociétés. En 1929, des dissensions internes et des désaccords motivent des départs. Le groupe accueille de nouveaux membres et continue ses recherches. Après la Seconde Guerre Mondiale, qui l'a dispersé, il reprend ses activités jusqu'en 1969, date officielle de sa disparition après un demi-siècle d'existence. Mais l'esprit surréaliste, ou plutôt le "comportement surréaliste" pour reprendre Maurice Nadeau, a marqué durablement les mentalités artistiques et collectives du XXe siècle. Des prémices à la maturité (1916-1924).

Le surréalisme occupe une place à part dans l'Histoire. Par sa nature, il échappe à toutes les critères d'une étude "classique": sa complexité, sa dimension collective, son rayonnement international unique, la pléiade d'écrivains et de peintre qui l'ont animé et grandi avant de le quitter, la politique, son aspiration révolutionnaire, son refus de céder aux modes, l'omniprésence et l'empreinte de Breton. Le temps ne peut en effet s'appliquer à :

"ce qui ne fut ni système, ni école, ni mouvement d'art ou de littérature, mais pure pratique d'existence". (Breton, 1924:page 150)

Le surréalisme plonge cependant ses racines dans un événement très historique: le cataclysme géographique et humain que fut la Première Guerre Mondiale, qui sacrifia une génération, laissant des plaies morales, physiques, économiques et géographiques dont nous ressentons encore les effets. Après cette Grande Guerre, l 'Europe vit une grande partie de ses frontières changer par les traités des politiques, les peuples réclamer leur droits à disposer d'eux-mêmes comme le proclamait Lénine, les femmes revendiquer des avancées sociales légitimes. La colère se mit à monter, provoquant des grèves et des révoltes ouvrières, amenant aussi des courants de pensée à s'interroger sur la part de l'homme qui avait pu entraîner une telle catastrophe et à se déterminer sur une nouvelle aventure humaine.

I    2. L’histoire Du Surréalisme

En 1916, à Zurich, Tristan Tzara fonde le dadaïsme, révolte pure qui récuse l’ art bourgeois et rompt avec les valeurs traditionnelles par la provocation et la dérision. André Breton, Philippe Soupault et Louis Aragon sont séduits par cette démarche. André Breton, qui devient le chef de ce mouvement, le définit comme suivant:

“Surréalisme, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée,en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.” (Chamalières, 1996: page 17)

Les surréalistes assument un double héritage : d’une part, celui des poètes modernes et romantiques qui exaltent l’ imagination et le surnaturel (Nerval, Baudelaire, Rimbaud, le poète de la « voyance ») ; d’autre part, celui de Freud qui jette les bases de la psychanalyse, puisque les surréalistes chercheront à connaître l’ homme dans sa totalité, jusqu’ aux profondeurs de l’ inconscient.

Le groupe surréaliste: Breton, Aragon et Soupault qui composent le groupe surréaliste fondent “la revue Littérature” en 1919. “Les Champs magnétiques” (Breton, Soupault) paraissent la même année et développent les théories de l’ écriture automatique. On retrouve des auteurs comme Paul Eluard, René Char, Antonin Artaud, Robert Desnos, des peintres comme Max Ernst, Salvador Dali. Très vite, les dissensions s’accentuent, en particulier autour de la question de l’engagement politique, et le groupe tend à se dissoudre. Breton, charismatique et autoritaire, exclut les membres les uns après les autres avant de se réfugier aux États-Unis pendant la Seconde Guerre Mondiale. Après 1945, le surréalisme reste fécond et influence des auteurs comme Raymond Queneau, Jacques Prévert, Julien Gracq ou bien encore André Pieyre de Mandiargues. “La Révolution surréaliste”, revue créée en 1924, fut dirigée par Pierre Naville et par Benjamin Péret. C’est en 1930, qu’ils choisirent de modifier son nom pour « Le Surréalisme au service de la révolution », démontrant clairement la tendance politique du mouvement. Ce n’est qu’à partir de 1936 qu’eurent lieu les premières expositions internationales surréalistes. Après ces fameuses expositions dont la plus célèbre eut lieu à la Galerie des Beaux-Arts de Paris, en 1938, l’évolution esthétique due au surréalisme marqua l’histoire.

L’engagement politique du mouvement engendré par André Breton fut la cause principale d’une multitude de querelles entre les artistes surréalistes. A la fin des années 1920 : “le Second Manifeste du surréalisme”, publié en 1929, souligne l’arrivée de nouveaux membres ainsi que la réconciliation avec Tzara.

Entre 1925 et 1933 il y eut plusieurs oppositions auprès de Breton. Le groupe composé d’André Masson, Joan Miro, Michel Leiris et Antonin Artaud rejoignit Georges Bataille et la revue Documents puis qualifièrent le travail de Breton de « matérialisme vulgaire ». En revanche, le groupe formé de Jacques Prévert, Marcel Duhamel et Yves Tanguy, s’éloignent radicalement du mouvement. En 1929, Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal, Roger Vailland et le peintre tchèque Joseph Sima créèrent, également en opposition à Breton, la revue “le Grand Jeu”. En 1933, les surréalistes de toutes allégeances se rassemblent et participèrent à la revue Minotaure, fondée par l’éditeur Albert Skira. En 1937, André Breton en devint le rédacteur en chef.

Le surréalisme influença d’importants mouvements littéraires et artistiques dans les années 60. Les artistes du Pop art et les « nouveau réalistes » se prétendaient d’ailleurs adeptes du mouvement. En 1969, trois ans après la mort d’André Breton, Jean Schuster signa officiellement, dans le quotidien le Monde, l’acte de décès du mouvement.

I    3. L’evolution Chronologique Du Surréalisme

        1922-1923, André Breton

André Breton rompt avec le mouvement Dada en publiant des textes critiques dans sa revue Littérature, et regroupe autour de lui quelques poètes comme Robert Desnos, René Crevel ou Benjamin Peret. Ils poursuivent les recherches entreprises par Breton et Philippe Soupault dans les Champs magnétiques, texte écrit selon la méthode de l’écriture automatique et publié en 1919. Le groupe s’auto-désigne comme le "mouvement flou" jusqu’à l’officialisation du Surréalisme en 1924.

        1924, Peintres André Masson et Joan Miro

Le mouvement est officialisé à Paris par la publication du Manifeste du Surréalisme, texte qu’André Breton avait initialement conçu pour préfacer la parution d’un recueil de poèmes automatiques, “Poisson soluble”. Il définit le Surréalisme comme "automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée". Breton tire ainsi les conséquences artistiques de la théorie psychanalytique, en particulier de l’interprétation des rêves par Freud.“La Révolution surréaliste” remplace “Littérature” et un "bureau de recherches surréalistes" est ouvert et son but initial est de recueillir toutes les communications possibles touchant les formes qu’est susceptible de prendre l’activité inconsciente de l’esprit .Les peintres André Masson et Joan Miro rejoignent le mouvement.

        1925, Louis Aragon

À la galerie Pierre de Paris, le 13 novembre à minuit, est inaugurée la première exposition de peinture surréaliste, regroupant des œuvres de Giorgio De Chirico, Hans Arp, Max Ernst, Paul Klee, Man Ray, André Masson, Joan Miro, Picasso et Pierre Roy. Max Ernst se consacre à ses premiers frottages. Les premières expériences de "cadavre exquis", expression d’une pensée à plusieurs voix, sont réalisées. Louis Aragon publie “Le Paysan de Paris”. À Bruxelles, un groupe réuni par les écrivains Paul Nougé et E.L.T. Mesens autour de la revue Correspondance se lie avec les surréalistes français. Le peintre belge René Magritte réalise ses premières œuvres surréalistes et devient le chef de file de ce Surréalisme belge.

        1926, André Masson

André Masson réalise ses premiers tableaux "presque uniquement faits de sable collé" qui mettent l’accent sur la matière et le hasard. En mars, à Paris, Jacques Trual et André Breton ouvrent la Galerie Surréaliste avec l’exposition “Tableaux” de Man Ray et objets des Îles (Océanie) qui établit pour la première fois un rapport entre la création surréaliste et des œuvres primitives. La presse est scandalisée par une statue océanienne, jugée indécente, choisie par Man Ray pour figurer en vitrine de l’exposition et en couverture du catalogue.

        1927, André Breton, “Nadja”

En janvier, André Breton adhère au parti communiste. En juin, la première exposition personnelle du peintre Yves Tanguy est organisée à la Galerie Surréaliste. Ses peintures, héritant de l’univers de Giorgio De Chirico, présentent un monde qui semble flotter entre le milieu sous-marin et le milieu terrestre. André Breton écrit “Nadja”, portrait d’une jeune femme dont il a été amoureux et qui a sombré dans la folie. L’ouvrage s’achève sur l’affirmation désormais célèbre: "La beauté sera convulsive ou ne sera pas".

        1928, Jean Cocteau

En février, paraît Le Surréalisme et la peinture, recueil d’articles d’André Breton sur Picasso, Giorgio De Chirico, Max Ernst, Man Ray, André Masson... Salvador Dali et Luis Bunuel réalisent le film “Un chien” andalou grâce au mécénat de Marie-Laure et Charles de Noailles, qui financent aussi au même moment un autre film surréaliste resté célèbre, “Le Sang d’un poète” de Jean Cocteau.

        1929, Max Ernst

En février, André Breton adresse un courrier aux collaborateurs du Surréalisme pour mesurer "le degré de qualification morale de chacun", ce qui le brouille avec Bataille, Leiris et Masson. Cette démarche aboutit à la mise au point théorique que constitue le Second manifeste du Surréalisme publié en décembre. Max Ernst réalise son premier roman-collage: “Perturbation”, ma sœur, la femme 100 têtes. En utilisant des gravures anciennes issues de l’imagerie populaire, Max Ernst présente un univers de rêve soumis aux caprices de l’inconscient. Du 20 novembre au 5 décembre, à la galerie Gœmans de Paris, se tient la première exposition parisienne de Salvador Dali. Son œuvre invite à la pratique de la paranoïa- critique, méthode pour appréhender le réel en doutant de l’univocité de ses significations.

        1930, George Bataille

En riposte au Second manifeste, George Bataille fait paraître en janvier un tractintitulé “Un cadavre” dans lequel il dénonce les principes qu’il juge moralisateurs d’André Breton. Le tract est co-signé notamment par Michel Leiris, Robert Desnos, Raymond Queneau et Jacques Prévert. Le premier numéro du Surréalisme au Service de la Révolution, dont le titre est suggéré par Louis Aragon, paraît en juillet et remplace La Révolution surréaliste. En décembre, le second film de Dali et Bunuel L’Âge d’or est projeté au "Studio 28", salle de cinéma montmartroise. Des membres de la Ligue des patriotes et de la Ligue Antijuive saccagent les locaux.

        1931, Alberto Giacometti

Les artistes surréalistes sont exposés pour la première fois aux États-Unis, à Hartford (Connecticut). Cette manifestation réunit des œuvres de Salvador Dali, Giorgio De Chirico, Max Ernst, André Masson, Joan Miro, Picasso et Pierre Roy. Alberto Giacometti réalise ses premières sculptures-objets, des "objets mobiles et muets" composés de formes organiques qui peuvent être mises en mouvement.

        1932, André Breton

En novembre, André Breton publie “les Vases communicants”, ouvrage qui tente d’établir l’existence de liens étroits entre les rêves et l’état de veille, dont il envoie un exemplaire à Freud. Il y critique les objets" à fonctionnement symbolique" de Salvador Dali qu’il juge trop réducteur du désir.

        1933, Albert Skira

Albert Skira publie la revue “Surréaliste Minotaure” (1933-1938) dont le premier numéro est consacré à Picasso.

        1934, Hans Bellmer

Au Musée Royal de Bruxelles, les Surréalistes belges organisent la première grande exposition d'œuvres surréalistes venant de toute l’Europe qu’ils intitulent elle aussi “Minotaure”. L’artiste Allemand Hans Bellmer adhère au Surréalisme avec la publication dans le numéro 6 de la revue Minotaure (décembre 1934) de photographies présentant un de ses objets surréalistes, “La Poupée”.

        1935, Victor Brauner

Alberto Giacometti est exclu du groupe. Il récuse son œuvre surréaliste et annonce son désir de travailler à nouveau "d'après modèle". En novembre, la première exposition parisienne de l'artiste Victor Brauner est organisée à la galerie Pierre.

        1936, Charles Ratton

En mai, à Paris, une exposition d’objets surréalistes à la galerie Charles Ratton réunit pour la première fois des objets naturels, des objets trouvés et des objets composés par les artistes surréalistes. L’International Surrealist Exhibition est organisée à Londres par l’historien d’art Herbert Read, et préfacée par André Breton. En décembre, le MoMA de New York présente l’exposition Fantastic Art, Dada and Surrealisme.

        1937, André Breton

André Breton devient rédacteur en chef de la revue “Minotaure”. Il fait paraître “l’Amour fou”.

        1938, Marcel Duchamp

À la galerie des beaux-arts de Paris se tient une nouvelle Exposition internationale du surréalisme, avec la collaboration scénographique de Marcel Duchamp. Cette exposition réunit plus de 60 artistes de différents pays, présentant près de 300 peintures, objets, collages, photographies et installations.

1939, Salvador Dali

Salvador Dali est exclu du groupe. La guerre disperse les Surréalistes, dont une grande partie s’exile aux États-Unis: le modèle qu’ils représentent sera déterminant pour les mouvements artistiques naissants ou à venir, comme l’Expressionnisme abstrait, le Néo-dadaïsme, et le Pop Art.


CHAPITRE II

ECOLE SURREALISTE ET SON INFLUENCE.

II      1. Les Principes Du Surréalisme

*     Expression de l’inconscient.

*     Rôle du hasard, des associations fortuites dans la création artistique.

*     Refus des catégories esthétiques traditionnelles.

*     Art comme instrument de libération et de révolution.

II      2. Les Thèmes Surréalistes

*     L’amour fou et la femme.

*     La révolte.

*     La magie des villes et les rencontres idolâtes.

*     L’inconscient, le rêve et l’imagination.

*     Les phénomènes paranormaux.

II      3. Les Formes Surréalistes

*     Poèmes.

*     Ecriture automatique; jeux surréalistes; collages; calligrammes.

*     Associations d’idées, d’images et de métaphores étonnantes.

L’écriture surréaliste très attractive, oblige les lecteurs à se pencher vers ces nouveaux modes de lecture. Les surréalistes font beaucoup d’efforts pour rechercher des mots et expressions et privilégient l’écriture poétique pour permettre au pouvoir des mots de reprendre le dessus sur l’imaginaire et le merveilleux.

A travers des images et des métaphores, Aragon par exemple, montre une vision insolite et suggestive des jardins à travers la reprise d'une expression figée, “blond comme les blés”, dans “Le Paysan de Paris”. Même chose pour la description de Paris dans “Nadja” , d'André Breton en 1928.

II     4. Les Techniques Surréalistes

La peinture surréaliste emprunta parfois au cubisme ou à Dada, mais elle innova toutefois en recourant à de nouveaux matériaux et à des techniques inédites. La plus connue et la plus pratiquée en groupe est celle du « cadavre exquis », qui consistait à dessiner sur une feuille de papier, puis à plier celle-ci afin de ne faire apparaître qu'une fraction du dessin, que le voisin continuait; une fois le dessin déplié, on obtenait un montage d'images disparates formant une nouvelle image. L'automatisme de l'écriture est repris par André Masson, qui tente de le retranscrire dans ses dessins, puis dans ses toiles au sable et à la colle (Bataille de poissons, 1926, Musée national d'Art moderne, Paris). Ces expériences sont également pratiquées par Max Ernest dans ses collages et dans ses frottages (réunis dans le recueil Histoires naturelles, publié en 1926), ou encore par Mir dans ses toiles des années 1920 (la Sieste, 1925, Musée national d'Art moderne).

Salvador Dali, quant à lui, cherche à retranscrire ses fantasmes selon une méthode qu'il qualifie de « paranoïaque-critique », laquelle se fondait sur une objectivation systématique des associations et des interprétations délirantes (Persistance de la mémoire, 1931, Museum of Modern Art, New York). La collaboration de Dali avec Luis Buel pour la réalisation des films “Un chien andalou” (1928) et l'Age d'or (1930) lança également le Surréalisme dans l'art cinématographique. Les réalisations de Jean Arp, à mi-chemin entre abstraction et figuration, sont des œuvres biomorphiques situées entre le tableau et la sculpture; dans ses Tableaux-poèmes des années 1920 et 1930, Mir traçait des formes qui semblaient être inspirées des dessins exécutés par les enfants, y ajoutait des mots et des expressions, mêlant ainsi textes et images. Enfin, les surréalistes créèrent des « poèmes-objets », où des objets disparates, souvent dénichés au marché aux “Puces”, étaient assemblés avec des textes poétiques ou découpés dans des journaux afin d'obtenir une beauté au premier abord fortuite mais qui se révélait être l'expression profonde du désir de son créateur.

        Une relation ambivalente au langage

D’un coté, la relation au langage est faite d’immédiateté, d’évidence poétique : l’écriture automatique fait coïncider la liberté de sujet et celle des mots. D’un autre coté, les mots sont aussi considérés comme libres, indépendants du sujet qui les manipule : « les mots font l’amour » selon Breton, c’est-à-dire qu’il s‘associent, dégagent une énergie et un pouvoir magique qui dépassent le contrôle qu’un sujet peut exercer sur lui ; à la limite, les mots dictent la pensée : il faut écouter les mots, se plier à leur logique ; il ne faut pas chercher à les domestiquer mais tirer profit de leur énergie pour créer et renouveler la poésie.

        Traquer le merveilleux dans le réel

La poésie est le contraire d’un art de l’ornementation et de l’agrément. Loin d’être une pure affaire de langage, la poésie est liée à l’action, à la mentalité surréaliste : elle tend au dépassement, à l’infini. Le goût pour l’insolite, le merveilleux résulte alors d’une tension vers ce que nous ne voyons pas, ce qui nous dépasse car notre conscience et notre imagination sont maintenues dans un état d’infériorité et de limitation. Les collages ou le langage qui bafoue la syntaxe et impose un ordre nouveau à la pensée et aux images sont les vecteurs et la matière de ce dépaysement. La poésie doit être faite par tous, elle est partout : l’errance, la déambulation dans la ville - lieu de tous les possibles, de tous les mystères, de toutes les rencontres - sont des expériences surréalistes par excellence : il s’agit au gré des rues de voir, révéler ce qui se cache sous les apparences, de transfigurer merveilleusement la réalité quotidienne, d’aiguiser sa perception de l’insolite.

        L’image

L’image est au cœur de la poétique surréaliste : elle n’a pas à rapprocher seulement deux éléments , comme le fait la comparaison mais au contraire, elle repose sur la force de l’arbitraire : plus le rapprochement sera fortuit plus l’image aura de valeur. L’arbitraire de l’image ne signifie pas l’incohérence du poème, même si elle ne tient ni à la logique ni à une figuration possible des images.L’image s’impose au poète, elle est irréductible à toute logique ; elle ne peut être expliquée ou paraphrasée. Elle joue sur une déstabilisation de la logique et du sens de la réalité. Elle veut déconcerter.

Le culte de l’Amour et de la Femme

L’amour est au cœur de la poésie surréaliste ; le sentiment amoureux ne donne pas lieu à une analyse ou un intrigue mais à une quête merveilleuse et une exaltation lyrique.L’amour est une philosophie pour le surréalisme : il représente ce qui élève et transcende, ce vers quoi il faut tendre. C’est un amour sublime et idéal mais aussi charnel son désir, ses tensions, ses crispations et son déclin sont au cœur de l’écriture de l’amour. L’amour porte la quête de la femme unique, absolue, élue entre toutes. Les surréalistes vouent un véritable culte à la Femme ; elle possède bien des facettes: femme-fleur ou objet de contemplation, femme-fruit ou objet de consommation, femme-enfant, femme-fée, femme affamée qui menace de dévorer son amant et surtout femme rêvée.La femme est avant tout initiatrice : elle est le lien entre l’homme et le monde, elle permet à l’homme divisé de se retrouver, elle lui ouvre les portes du surréel ; c’est pourquoi elle est tant célébrée dans la poésie surréaliste.

II 5. L’art Du Surréalisme

L'art plastique surréaliste s'est inspiré d'une grande variété d'artistes comme Bosch, Uccello, Arcimboldo, Blake, Redon, Chagall ou Klee. Les premiers artistes surréalistes venaient du Dadaïsme et étaient entre autres Duchamp, Ernst, Arp ou Miro sans oublier Dali. Ils veulent que la peinture "fasse partie" de la poésie. Ce concept n'était pas nouveau; une bonne part des Salons de Diderot (et Baudelaire) est consacrée à le réclamer.

En général on peut distinguer deux tendances dans la peinture surréaliste:

-d'un coté, il y a les artistes comme Dali ou Magritte, qui essayent de peindre des objets de la vie courante d'une manière réalistes mais dans un contexte nouveau et irrationnel.

-de l'autre coté Miro, Masson ou Arp qui développent un monde de dessins avec des formes organiques et abstraites (Surréalisme absolu).


 


Salvador Dali , "The Ship", 1942


Christophe Sivet, peinture surréaliste - fantastique, 1966


Martial Bourlot, la nature, 1960


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Quand on pense aux valeurs du Surréalisme; libre association, anticonformisme, expression spontanée, on comprend que chaque peintre n'a non pas seulement un propre style mais aussi une propre image de ce que représente pour lui le Surréalisme. Nous ne pouvons pas parler globalement des œuvres surréalistes ou ne donner qu'un exemple de peintre, c'est pourquoi nous avons décidé de faire découvrir cinq artistes différents pour avoir une meilleure idée de la peinture surréaliste.

Une partie des artistes de ce courant se sont inspirés des peintures métaphysiques de Giorgio De Chirico, dans lesquelles on retrouve la représentation de scènes irréelles et d'espaces déformées en perspectives. Cet Italien, né 1888, a vécu à Paris entre 1911 et 1915 où il rencontra Pablo Picasso et Guillaume Apollinaire. Dans ses premières peintures de visions de rêve, les forts contrastes entre lumière et ombres dominent ainsi que la perspective centrale exagérée aboutissant à une image angoissante du monde des rêves.

II 6. L'influence Surréaliste

Le surréalisme rayonne non seulement à l'international mais également dans les autres domaines artistiques (peinture, cinéma).

Dès 1930, des groupes surréalistes se forment en Belgique, en Italie, en Tchécoslovaquie, en Grande-Bretagne, et même au Japon. La deuxième guerre mondiale provoque l'exil en Amérique de nombreux artistes et écrivains surréalistes, dont Breton. New York devient alors le deuxième phare du surréalisme après Paris.

Alors que le surréalisme s'essouffle dans le domaine littéraire, son influence se propage dans les autres disciplines artistiques. Les peintres Max Ernst, Francis Picabia, Salvador Dali, René Magritte, Giorgio de Chirico, Jean Arp, Man Ray, Alberto Giacometti se rallient au mouvement. Luis Bunuel introduit le surréalisme dans l'art cinématographique en collaborant avec Dali pour le tournage de Un chien andalou (1928) puis de l'Age d'or (1930).

II 7. Les Dernières Années Surréalistes

De retour à Paris en 1946, Breton poursuivit son action fédératrice, sans toutefois redonner au mouvement la vitalité des années précédentes. Ruptures, exclusions, nouvelles adhésions modifièrent encore la composition du groupe, qui accueillit alors des artistes comme Meret Oppenheim, Pierre Molinier, Max Walter Svanberg ou Toyen et des écrivains comme André Pieyre de Mandiargues, Joyce Mansour et Julien Gracq. Le Surréalisme exerça une influence importante au-delà des années 1960 sur de nombreux mouvements littéraires ou artistiques, et inspira notamment les automatistes canadiens (Paul-Emile Borduas, Jean-Paul Riopelle), les artistes du pop art et les adeptes du Nouveau Réalisme. En 1969, soit trois ans après la mort d'André Breton, Jean Schuster signa officiellement, dans le quotidien le Monde, l'acte de décès du mouvement. Cette idée de poète voyant et d’art anticipateur a conduit au surréalisme et à l’écriture automatique. Si l’art est anticipateur et le poète voyant, ce n’était donc pas l’esprit du poète qui s’exprimait à travers la poésie, mais plutôt son subconscient! Donc, si l’inspiration venait du subconscient, elle n’appartenait pas aux seuls poètes, mais à tout le monde. Puisque chacun de nous a accès à son subconscient. Cela conduisit à proclamer que la poésie pouvait être faite par tous. Il suffisait de prêter sa main à la voix du subconscient. Prendre un papier et une plume et écrire toutes les idées qui venaient à notre esprit sans les contrôler. Les poètes surréalistes croyaient pouvoir ainsi inventer un nouveau langage, changer le langage,- et par là changer le monde.

Les poètes surréalistes n’ont pas réussi à changer le monde. Mais ils ont libéré la poésie de ses formes fixes. Ils l’ont purifiée en lui permettant d’exprimer toutes les émotions sans les contraintes de la rime. Le mouvement surréaliste fut très important pour l’évolution de la poésie. Cependant les surréalistes réalisèrent assez vite les dangers d’abandonner totalement l’esprit à l’inconscient. Ils constatèrent que tout ce qui venait de l’inconscient n’était pas toujours génial, que l’inconscient avait une propension à la paresse et aux répétitions. La pratique de l’écriture automatique pouvait aussi conduire l’esprit aux hallucinations et à la folie. Si, par cette pratique, les grands poètes, qui possédaient déjà la maîtrise du langage poétique, pouvaient écrire de grands textes, ceux qui n’étaient pas déjà poètes ne parvenaient pas à écrire de la bonne poésie de cette façon. Réalisant que cette méthode d’écriture produisait le plus souvent une poésie artificielle, et dépourvue d’émotion, les poètes abandonnèrent ces pratiques pour revenir à l’écoute de l’inspiration véritable. C’est à dire quand l’esprit lucide contrôle l’apport du subconscient et l’intègre à sa pensée et à ses émotions.


CHAPITRE III

LES ECRIVAINS SURREALISTE

III     1. André Breton ( 1896-1966)

Dès son plus jeune âge, par l’intermédiaire de son professeur de français, il se passionne pour la poésie, les symbolistes en particulier, et vit pour elle. Etudiant en médecine, il continue d’écrire des poèmes. Mobilisé, il doit aller à la guerre

“déclarations puérilement chauvines, confiance exorbitante en soi-même, qui se révélera être un, cloaque de sang de sottise et de boue “ (Breton, 1929:page 170)

Dans la guerre il s’occupe de soldats blessés psychologiquement et découvre la psychanalyse freudienne avec les associations spontanées. Il rencontre Jacques Vaché qui lui apporte un exemple de “résistance absolue“, et Guillaume Apollinaire. Après la guerre, il change sa vision de la poésie et veut en connaître sa nature pour vivre par elle, et non plus pour elle. Il fonde en mars 1919 avec Louis Aragon et Philippe Soupault “la revue Littérature”, par la suite Paul Eluard rejoindra le groupe. Ce mouvement veut se révolter contre l’ordre social conventionnel et bourgeois, et donc contre toutes les règles établies pour l’écriture. L’écriture automatique apparaît dans Champs magnétiques en 1920 écrit par Breton et Soupault, selon le principe

“la vitesse de la pensée n’est pas supérieure à celle de la parole, et ne défie pas forcément la langue ni même la plume qui court” (Breton ,1920: page 220)

Il faut laisser libre cours à l’imagination. Par la suite, Breton se rendra compte des limites de l’écriture automatique, étape nécessaire mais qui ne peut devenir un procédé.

Au début, ils sejoignent au groupe Dada et manifestent avec Tristan Tzara, mais en 1924, déçu du nihilisme de Tzara, André Breton va définir le surréalisme, en état de “non-conformisme absolu” avec la création du Bureau de recherches surréalistes et dans “leManifeste du surréalisme”, il donne la définition :

“Le surréalisme,n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.” (Breton ,1924: page 80)

Les surréalistes pratiquent le sommeil-hypnotique, le rêve éveillé et la simulation de délires. Clair de terre, explication de Breton:

“la terre brille dans le ciel comme un arbre énorme au milieu des étoiles. Notre globe projette sur la lune un intense clair de terre.” (Breton ,1923: page 153)

La conception d’une réalité dépend de l’angle de vision en 1923 et Poisson soluble en 1924 montrent la recherche de l’image et de l’imaginaire, le surréalisme est une découverte permanente. Toute la réalité ne peut être connue, et le poète surréaliste adopte une attitude lyrique. L’amour fou, le hasard objectif, le rêve et l’art mènent au surréel, les surréalistes valorisent l’amour et la femme.

La rencontre de “Nadja” de 1926-1929 aboutit au récit “Nadja” en 1928, dans lequel Breton raconte simultanément le quotidien et le rêve, cependant, pour la petite histoire, en donnant son inspiration, Nadja va basculer dans ses fantasmes et finir en asile.

En 1928 dans Surréalisme et la peinture, Breton définit le surréalisme de l’art. Dans l’art on se soucie de la technique et de la psychologie, on oublie d’exprimer les rapports entre la perception et le moi :

“Le seul domaine exploitable par l’artiste (devient) celui de la représentation mentale pure, tel qu’il s’étend au-delà de celui de la perception vraie.” (Breton ,1928 :page 165)

Breton milite pour le désir, ferment de révolution, pour se libérer de l’esclavage moral et social, ainsi le Parti communiste étant le seul parti pour la révolution, il décide d’y adhérer en 1927. Il se rapproche de Trotski en 1930.

A cause de ses engagements politiques et esthétiques, Breton est critiqué et écrit le Second Manifeste du surréalisme le 15 décembre 1929

Des ruptures du groupe suivront. En 1935, Breton quitte définitivement les communistes, mais continue de se battre contre le monde capitaliste, la colonisation, le nationalisme, la neutralité française face à Franco. Ennemi du bourgeois, il critique en même temps les soviétiques de Staline. Il commence à se rendre dans les autres pays pour des manifestations du surréalisme,

Mobilisé à la seconde guerre mondiale, Breton quitte la France en 1941 pour les Etats-Unis où le surréalisme s’est développé surtout dans la peinture. Il revient en France en 1946, où il reprend le groupe avec de nouveaux artistes, bien que sans orientation politique, le groupe continue de critiquer l’oppression. Il défend les arts minoritaires et les valeurs-clés de la culture moderne fixant des objectifs et des modèles.

Mont de piété, 1919

Les Champs magnétiques, 1919

Clair de terre, 1923

Les Pas perdus, 1924

Poisson soluble, 1924

Nadja, 1928

Le Trésor des jésuites, 1929

Ralentir travaux,1930

L’Immaculée conception, 1930

L'Union libre, 1931

Le Revolver à cheveux blancs, 1932

Les Vases communicants, 1932

L'Air de l'eau, 1934

Point du jour, 1934

Au lavoir noir, 1936

Le Château étoilé, 1937

L'Amour fou, 1937

Fata morgana, 1940

Pleine marge, 1943

Arcane 17, 1945

Young cherry trees secured against hares, 1946

Martinique, 1948

La Lampe dans l'horloge, 1948

Au regard des divinités, 1949

La Clé des champs, 1953

Adieu ne plaise, 1954

Constellations, 1959

Le La, 1961

III       2. Philippe Soupault (1897-1990)

Il a rencontré Breton par l’intermédiaire d’Apollinaire. Il se joint à l’aventure Dada, puis s’associe au surréaliste qu’il quittera en 1925 pour écrire des romans et essais. Ses œuvres surréalistes sont Westwego en 1922, recueil de poèmes où il relate le mal de vivre et l’errance mélancolique, d’après guerre, et Georgia en 1926, poème sur l’amour fou, le désespoir charnel et avide, le délire onirique en l’honneur du corps féminin.

Aquarium. Paris, 1917

Rose des vents. ,1919

Les Champs magnétiques, 1920

Westwego (1917-1922), 1922

Georgia. Paris, Éd. des Cahiers libres, 1926

Il y a un océan. Paris, 1936

Poésies complètes (1917-1937), 1937

Ode to the Bombed London, 1944

Odes 1943-1946. Paris, Seghers, 1946

L'Arme secrète. Bordas, 1946

Message de l'île déserte, 1942

La Haye, Stols, 1947

Chansons. Lausanne, 1949

Sans phrases, 1953

Poèmes et Poésies (1917-1983), 1973

Arc-en-ciel. Rome, 1979

Odes 1930-1980, 1981

Poèmes retrouvés (1918-1981), 1982

Poésies pour mes amis les enfants, 1983

Georgia, Épitaphes, 1983

Poèmes et Poésies,1987

Les Champs magnétique, 1988

III       3. Paul Crevel (1900-1935)

Traumatisé par le suicide de son père, il rejoint les surréalistes avec conviction, il se suicidera lors d’un congrès houleux pour la défense de la culture qui l’affectera beaucoup. Il a écrit Mon corps et moi en 1925, l’Esprit contre la Raison en 1928, Etes-vous fous? en 1929 où il s’invente un double poussé dans ses retranchements.

III       4. Benjamin Péret (1899-1959)

Il rencontre Dada et les surréalistes après une guerre difficile, il manifeste un goût du scandale et de l’humour dans Mort aux vaches et aux champs d’honneur. Militant, il combattra Franco et le militarisme, il est pour la liberté absolue, l’amour sublime, la haine contre la bêtise pontifiante, durant la 2nde Guerre Mondiale il se réfugie au Mexique où il écrit Dernier Malheur, Dernière chance (chant lyrique et automatique). Il s’attaque aux poètes de la Résistance qui utilisent la poésie pour une cause, dans Le déshonneur des poètes.

Le Passager du transatlantique, 1921

152 Proverbes mis au goût du jour, 1925

Dormir, dormir dans les pierres 1927

Le Grand Jeu, 1928

De derrière les fagots, 1934

Je sublime, 1936

Je ne mange pas de ce pain-là, 1936

Le Déshonneur des poètes, 1945

Dernier malheur dernière chance, 1945

Un point c'est tout, 1946

Air mexicain, 1952

Le Livre de Chilam Balam de Chumayel, 1955

Anthologie de l’amour sublime, 1956

Gigot, sa vie, son œuvre, 1957

Anthologie des mythes, légendes et contes populaires d’Amérique, 1960

III 5. Paul Eluard ; Paul-Eugène Grindel (1895-1952)

Ayant connu les horreurs de la guerre, il fut gazé, il écrit entre autre Capitale de la douleur en 1926, il associe des mots et des images non évident: automatisme pur, il a dit « la terre est bleue comme une orange » ( les deux sont ronds, la terre est bleue). Il poursuivra à partir d 1936 les communistes. Poète français né à Saint-Denis en 1895, mort à Charenton-le -Pont en 1952. Fils de bourgeois aisés, Paul Eluard (qui prit pour écrire le nom de jeune fille de sa mère) poursuivit normalement ses études jusqu’ en 1911, année où, frappé de tuberculose, il entre dans un sanatorium en Suisse. Il y passe deux ans, y rencontre Hélène, sa future épouse; la maladie ne l’empêchera pas de s’engager en 1914. Après la guerre, il se mêle aux activités dadaïstes, rencontre Breton et Aragon. En 1921, il figure parmi les premiers surréalistes. Cependant,jusqu’en 1924, marié, père de famille, il exerce la métier d’agent immobilier. En 1924 il s’adonne vraiment à la littérature. En 1926 paraît Capitale de la douleur, en 1929, l’Amour, la poésie en 1930, l’Immaculée Conception, texte clé du surréalisme écrit en collaboration avec Breton. En 1930, il adhère au parti communiste, dont il sera exclu en 1933; sa femme Hélène le quitte pour Salvador Dali (qui la nomme Gala). En 1938, il rompt avec le surréalisme. Bien qu’il ait été un surréaliste de la première heure, il ne semble pas qu’ Eluard ait pratiqué l’écriture automatique. Recherche de l’équilibre, de l’objectivité, quête d’une lucidité qu’il chante et demande à tous les hommes sont les traits dominants de son oeuvre. Ses premiers poèmes d’amour, notamment l’ Amour, la poésie, sont pourtant marqués par des éclats sauvages qui semblent échapper à son habituelle mesure. Mais son appartenance profonde à la poésie traditionnelle, sensible bien avant sa rupture avec Breton, transparaît nettement dans les poèmes patriotiques comme “Au rendez-vous allemand” (1944), pour s’affirmer avec les “Poèmes politiques” (1948). L’engagement a pris le pas sur le travail poétique, subordonné à la propagande ou à un idéal de bonheur et de liberté universels. Cette démarche a été regardée par les uns comme une conquête, par les autres (notamment par les surréalistes) comme une démission.

“De l'océan à la source

De la montagne à la plaine

Court le fantôme de la vie

L'ombre sordide de la mort

Mais entre nous

Une aube naît de chair ardente

Et bien précise

Qui remet la terre en état

Nous avançons d'un pas tranquille

Et la nature nous salue

Le jour incarne nos couleurs

Le feu nos yeux et la mer notre union

Et tous les vivants nous ressemblent

Tous les vivants que nous aimons

Les autres sont imaginaires

Faux et cernés de leur néant

Mais il nous faut lutter contre eux

Ils vivent à coups de poignard

Ils parlent comme un meuble craque

Leurs lèvres tremblent de plaisir

A l'écho de cloches de plomb

A la mutité d'un or noir

Un seul cœur pas de cœur

Un seul cœur tous les cœurs

Et les corps chaque étoile

Dans un ciel plein d'étoiles

Dans la carrière en mouvement

De la lumière et des regards

Notre poids brillant sur terre

Patine de la volupté

A chanter des plages humaines

Pour toi la vivante que j'aime

Et pour tous ceux que nous aimons

Qui n'ont envie que de s'aimer

Je finirai bien par barrer la route

Au flot des rêves imposés

Je finirai bien par me retrouver

Nous prendrons possession du monde” ( Eluard, 1913: page 175)

Les oeuvres de Paul Eluard:

Premiers poèmes, 1913

Le Devoir, 1916

Le Devoir et l'Inquiétude, 1917

Les Animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux, 1920

Une vague de rêve, 1924

Mourir de ne pas mourir, 1924

Au défaut du silence, 1925

Capitale de la douleur, 1926

Les Dessous d'une vie ou la Pyramide humaine, 1926

« L'Amour la Poésie, 1929

Ralentir travaux, 1930

À toute épreuve, 1930

Défense de savoir, 1932

La Vie immédiate, 1932

La Rose publique, 1935

Facile, 1935

Les Yeux fertiles, 1936

Cours naturel, 1938

Donner à voir, 1939

Poésie et vérité, 1942

Liberté, 1942

Avis, 1943

Les Sept poèmes d'amour en guerre, 1943

Au rendez-vous allemand, 1944

Poésie ininterrompue, 1946

Le Cinquième poème visible, 1947

Notre vie, 1947

À l'intérieur de la vue, 1947

La Courbe de tes yeux, 1947

Le temps déborde, 1947

III 6. Louis Aragon ( 1897-1982)

Aragon rencontre Breton en tant que médecin à la guerre, il participe à la création du surréalisme avec entre autre : “Le paysan de Paris” en 1926 où il met l’amour au centre de l’imagination. Engagé politique, il ira avec les communistes en 1932. Mais à la fin de sa vie, il quitte le surréalisme pour retrouver l’imagination et le rêve, Eisa en 1959 où il revient sur son amour, dans “LaMise à mort” en 1965, il critique le réalisme romanesque.

Fils naturel de Louis Andrieux (préfet de police, ancien sénateur de Forcalquier) et de Marguerite Toucas, Louis Aragon est devenu en 1924, après avoir participé au dadaïsme, l'un des créateurs du mouvement surréaliste avec André Breton, Paul Éluard et Philippe Soupault. Avec Breton et Éluard, entre autres membres du groupe surréaliste, il adhère au Parti communiste français. Il ne devient critique à l'égard de l'URSS qu'après la mort de Staline et suite aux révélations par Khrouchtchev des crimes du stalinisme. Sa poésie est largement inspirée, depuis les années 1940, par l'amour qu'il voue à son épouse, Elsa Triolet, écrivain elle aussi, et belle-sœur de Vladimir Maïakovski.

Son œuvre porte en filigrane la blessure secrète de n'avoir pas été reconnu par son père, Louis Andrieux, de 10 ans plus âgé que sa mère, Marguerite Toucas. Celle- ci, afin de préserver l'honneur de sa famille et de son amant, le fait passer pour le fils adoptif de sa mère et Andrieux, pour son parrain. Il évoque ce qui fut le drame secret de sa vie dans un petit recueil de poèmes intitulé Domaine Privé. Il est aussi, avec Robert Desnos, Paul Éluard, Jean Prévost, Jean-Pierre Rosnay et quelques autres, parmi les poètes qui prirent résolument parti, durant la Seconde Guerre Mondiale, pour la résistance contre le nazisme. C'est là le sujet d'une autre blessure profonde : la rupture avec son ami Pierre Drieu La Rochelle qui, après avoir « hésité entre communisme et fascisme » (voir Une femme à sa fenêtre), s'est tourné vers le nazisme. Sorte de suicide, qui le poussera à se donner vraiment la mort à la Libération. Il existe aussi des « œuvres croisées » entre ces deux génies : Gilles et Aurélien.

Après le décès de son épouse en 1970, Aragon affiche ses préférences homosexuelles, que Drieu La Rochelle avait évoquées dès les années 1930, dans Gilles notamment. Roger Nimier disait d'ailleurs, à son propos : « C'est le seul homme capable d'assister à une réunion du Comité Central du PCF en smoking rose ». Il meurt le 24 décembre 1982, veillé par son ami Jean Ristat. Il est inhumé dans le parc du Moulin de Villeneuve, dans sa propriété de Saint-Arnoult-en- Yvelines, aux côtés de sa compagne Elsa Triolet (morte en 1970).

Les oeuvres de Louis Aragon :

Feu de joie, 1919

Le Mouvement perpétuel, 1926

La Grande Gaîté, 1929

Persécuté persécuteur, 1931

Hourra l'Oural, 1934

Le Crève-Cœur, 1941

Cantique à Elsa, 1942

Les Yeux d'Elsa, 1942

Brocéliande, 1942

Le Musée Grévin, 1943

La Rose et le Réséda, 1943

La Diane Française, 1944

En étrange pays dans mon pays lui-même, 1945

Le Nouveau Crève-Cœur, 1948

Elsa, 1959

Les Poètes, 1960

Le Fou d'Elsa, 1963

II      ne m'est Paris que d'Elsa, 1964

Les Chambres, poème du temps qui ne passe pas, 1969

III       7. Robert Desnos (1900-1945)

Après son service militaire au Maroc, il rejoint les surréalistes en partageant les mêmes idées libertaires. Il pratique aisément le sommeil hypnotique, dans ”la Liberté ou l ’’Amour ”1 en 1927 il montre son opposition aux entraves. Il quittera les surréalistes quand ceux-ci suivent les communistes en 1930. Il deviendra un romancier nervalien moderne, il meurt déporté de la 2nde Guerre Mondiale, car clandestin.

Les oeuvres de Robert Desnos :

Rrose Sélavy,1923

Le Pélican, 1923

L’Aumonyme, 1923

Langage cuit, 1923

Deuil pour deuil, 1924

La Liberté ou l'Amour, 1927

Les Ténèbres, 1927

Corps et biens, 1930

Sans cou, 1934

Fortunes, 1942

État de veille, 1943

Le vin est tiré, 1943

Le Souci, 1943

L'Honneur des poètes, 1943

Contrée, 1944

Le Bain avec Andromède, 1944

Chantefables et chantefleurs, 1970

Destinée arbitraire, 1975

Nouvelles-Hébrides et autres textes, 1978

La Complainte de Fantômas, 1954

III 8. Antonin Artaud (1896-1948)

Antonin Artaud est issu d'une famille bourgeoise aisée. Son père, Antoine Roi, est capitaine au long cours, et sa mère, Euphrasie Nalpas, originaire d'Izmir (Turquie). S'il connaît une petite enfance choyée dont il garde des souvenirs de tendresse, de chaleur, il est cependant perturbé par des troubles nerveux que l'on attribue à une méningite. Seuls les séjours dans la patrie de sa mère, avec sa grand- mère, le soulagent. La douleur physique ne le quittera plus malgré des séjours répétés en maison de santé. À huit ans, il perd une petite sœur âgée de huit mois. Cette découverte de la mort l'affecte profondément. À dix ans, il évite la noyade. Il gardera de cet accident la phobie de l’eau. Son éducation religieuse chez les pères maristes lui apportera une forte connaissance de la théologie catholique que l'on retrouve dans l'esthétique de son œuvre. Il manifeste un goût pour le grec, le latin et l'histoire ancienne. À quatorze ans, il découvre Charles Baudelaire.

En 1920, il arrive à Paris et se met à écrire. Son premier recueil est refusé en 1923 par Jacques Rivière directeur de la NRF et une correspondance commence entre eux. Artaud lui explique que son écriture est une lutte contre la pensée qui l'abandonne, le néant qui l'envahit. « Je n'ai jamais trouvé ce que j'écris que par offres ». Rivière publie la correspondance dans la NRF.

En 1924, André Breton confie au poète la direction de la Centrale du bureau des recherches surréalistes. Au cours de cette période, il écrit des scénarios de films et des poèmes en prose, et plusieurs textes sont publiés dans La Révolution surréaliste, l'organe du groupe surréaliste. Le 10 décembre 1926, au cours d'une réunion du groupe, l'adhésion au parti communiste français est envisagée. Artaud refuse et quitte le groupe. Pour lui, la révolution doit être spirituelle et non politique.« Je n'aime pas les poèmes de la nourriture, mais les poèmes de la faim, ceux des malades, des parias, des empoisonnés, des suppliciés du langage qui sont en perte dans leurs écrits. ».

Dans l'incipit de L'Ombilic des limbes, il déclare que « là où d'autres proposent des œuvres, je ne prétends pas autre chose que de montrer mon esprit ».

Les oeuvres de Antonin Artaud:

Tric Trac du Ciel, 1923

L'Ombilic des limbes,1925

Le Pèse-nerfs, 1925

L'Art et la Mort, 1929

Le Moine,1931

Héliogabale ou l'Anarchiste couronné, 1934

Les Nouvelles Révélations de l'être, 1937

Le Théâtre et son double, 1938

D'un voyage au pays des Tarahumaras, 1945

Van Gogh, le suicidé de la société, 1947

Artaud le Mômo, 1947

Ci-gît, précédé de la Culture indienne, 1947

Pour en finir avec le jugement de dieu, 1948

Cahier d'Ivry, 1948

III 9. Paul Nougé (1895-1967)

Né de père français d'origine charentaise et de mère belge, Paul Nougé suit l'enseignement du lycée français de Bruxelles puis s'engage en 1909 dans des études de chimie biologique et travaille de 1919 à 1953 comme biochimiste dans un laboratoire médical. Il est en 1919 membre fondateur du premier Parti communiste belge. En novembre 1924 il crée la revue "Correspondance" qui publie 26 tracts jusqu'en septembre 1925, avec la collaboration de Camille Goemans et de Marcel Lecomte, exclu en juillet 1925. Nougé rencontre la même année les surréalistes français, Louis Aragon, André Breton et Paul Éluard, signe ainsi le tract "La Révolution d'abord et toujours", et fait en 1926 la connaissance de Louis Scutenaire. Nougé et Goemans, René Magritte et E. L. T. Mesens se rapprochant, septembre 1926 marque l'ébauche de la constitution du groupe surréaliste de Bruxelles à travers la confection de tracts communs, auxquels André Souris s'associe.

Nougé compose en 1927 des détournements des exemples du manuel de grammaire de Clarisse Juranville, illustrés de cinq dessins de Magritte, et préface l'exposition de Magritte à la galerie "Le Centaure" de Bruxelles. En 1928 il fonde la revue "Distances", rédige les textes poétiques du catalogue d'un marchand de fourrures, illustré par Magritte ("Le catalogue Samuel", réédité par Didier Devillez éditeur, Bruxelles, 1996) et la préface d'une exposition de Magritte à la galerie "L'époque" (signée par les "complices" Goemans, Mesens, Lecomte, Scutenaire et Souris) puis prononce en janvier 1929 à Charleroi une conférence sur la musique qui accompagne un concert dirigé par André Souris et une exposition de Magritte ("La conférence de Charleroi", publiée en 1946). Entre décembre 1929 et février 1930 Nougé réalise dix-neuf photographies qui seront publiées en 1968 sous le titre "Subversion des images". En 1931 il préface l'exposition qui suit le retour de Magritte à Bruxelles. Des extraits des "Images défendues" sont publiés en 1933 dans le cinquième numéro du "Surréalisme au service de la Révolution". En 1934 Nougé cosigne "L'action immédiate" dans "Documents 34" dont Mesens est le rédacteur, en 1935 "Le Couteau dans la plaie" et publie en 1936, dans "Les Beaux-Arts" de Bruxelles, René Magritte ou la révélation objective. Il est alors avec Mesens à l'origine de l'exclusion du groupe d'André Souris.

Mobilisé en 1939 à Mérignac puis à Biarritz, lors de la guerre, comme infirmier militaire, Nougé préface en 1941 une exposition, rapidement fermée par les Occupants, de photographies de Raoul Ubac à Bruxelles (L'expérience souveraine) et publie en 1943 le texte complet de René Magritte ou Les images défendues. Sous le pseudonyme de Paul Lecharantais il préface en janvier 1944 une nouvelle exposition de Magritte critiquée par les collaborateurs du nazisme. En 1945 Nougé participe à l'exposition "Surréalisme" organisée par la galerie des éditions “La Boétie de Bruxelles” puis, en 1946, fait paraître La Conférence de Charleroi et, sous le titre Élémentaires une préface pour l'exposition de Magritte ("le surréalisme en plein soleil") à la galerie Dietrich.

Les oeuvres de Paul Nougé:

Histoire de ne pas rire, 1956

L'Expérience continue, 1966

Des mots à la rumeur publique, 1983

Erotiques, 1994

Journal (1941-1950), 1995

Quelques lettres, 1995

René Magritte (in extenso), 1997

Fragments, 1997

III 10. Arp Hans (ou Jean) (1887-1966)

Sculpteur et poète français, Hans Arp est né à Strasbourg en 1887 et mort à Bâle en 1966. Elève de l’ Ecole des arts appliqués de Strasbourg puis étudiant à l’ Ecole des beaux-arts de Weimar, il se passionne pour la peinture et la poésie modernes. Pacifiste, il gagne la Suisse où il rencontre en 1915 Sophie Taeuber qui deviendra sa femme.

Hans Arp occupe une place importante dans l’histoire des mouvements d’avant-garde de cette première moitié du XIXe siècle. On le retrouve au sein de l’expressionnisme et du Blaue Reiter, puis à Zürich où il fonde avec Tzara le mouvement Dada; après son passage par le Surréalisme, il bifurquera vers l’art abstrait. Ses premiers contacts avec le Surréalisme datent de 1925, année où il vient s’installer définitivement à Meudon dans la région parisienne. Ses objets “dus au hasard, rudimentaires, irrationnels” furent sans doute à la base de son rapprochement avec le groupe de Breton. Poète, graphiste (il travaille les reliefs, les papiers déchirés, les collages), il trouvera sa pleine expression dans la sculpture, et notamment la sculpture en ronde-bosse, qui lui permettra de dépasser l’onirisme purement surréaliste et de ne point tomber dans l’ornière du constructivisme triomphant.

Les oeuvres de Arp Hans:

Des taches dans le vide, 1937

Sciure de gammes, 1938

Poèmes sans prénoms, 1941

Rire de Coquille, 1944

Le Blanc aux pieds de nègre, 1945

Le Siège de l’air, 1946

Le Voilier dans la forêt, 1957

Vers le blanc infini, 1960

Le Soleil recerclé, 1966

Jours effeuillés, 1966


CHAPITRE IV

LA POESIE FRANÇAISE SURREALISTE

IV    1. Définition De La Poésie Surréaliste

La poésie surréaliste activité de l'esprit, échappe à la raison, elle s'exerce à tout moment, elle vient du plus profond de l'inconscient et permet au poète de libérer son côté secret. Les poésies sont hantées de créatures fantastiques, dans un univers luxuriant, c'est tout un mode de pensée qui est bouleversé avec le surréalisme. Dans la poesie surréaliste, on trouve beaucoup de thèmes qui reviennent. Les écrivains utilisent les images indefinis, et ils ne suivent pas de règles. Souvent, les poèmes ont le ton d’un rêve, et on trouve beaucoup d’allusion à la nature, au silence, aux ombres, et à des choses secrètes. On peut voir le thème de la nature. Ils discutent les oiseaux et les saisons. Les quatre éléments sont représentés - le feu (les flammes), l’eau (la neige), l’air (le ciel), et la terre (le monde). D’autres thèmes sont les rêves, la nuit, et les secrets.

Comment donc s’opèrent les réglages de sens? Cette question que pose tout message écrit ou oral, est cependant particulièrement problématique dans le cas de la poésie surréaliste qui se joue de la logique cartésienne d’après laquelle l’homme occidental est habitué à observer le monde. Ce jeu, les poètes surréalistes l’organiseront au moyen du langage. En envisageant le langage de façon différente, ils procèdent à une véritable révolution sémantique, comme le déclare Breton:

“Dans le langage sont incluses des possibilités de contact beaucoup plus étroit que les lois qui président (à sa fonction d’échange élémentaire) ne le font généralement supposer; la culture de ces possibilités ne mènerait à rien moins qu’à la recréation du monde” (André, 1936: page 122)

Donnant aux mots une liberté et une matérialité qu’ils n’avaient jamais jusqu’alors reçu en poésie, leur actualisation en discours tout comme leur réglage de sens devient alors plus compliqués. Comment tenter de comprendre des praxèmes souvent utilisés pour les multiples sens qu’ils expriment, pour leur signifié donc, mais souvent pour leur signifiant? Des praxèmes perdent alors leur relation avec la réalité qu’ils désignent. Comment pouvoir dégager les isotopies dans un texte où le stupéfiant-image est à l’ordre dujour, cette image qui au dire d’Aragon dans une Vague de rêve “à chaque coup vous force à réviser tout l’univers”. Car, c’est du contact des mots, de la relation physique des mots les uns avec les autres, côte à côte, que doit naître cette étincelle dont Breton parle dans son Premier Manifeste du surréalisme:

“C’est du rapprochement en quelque sorte fortuit des deux termes qu’a jailli une lumière particulière, lumière de l’image (...) La valeur de l’image dépend de la beauté de l’étincelle obtenue (...) Pour moi la plus forte est celle qui présente le degré d’arbitraire plus élevé, je ne le cache pas; celle qu’on met le plus longtemps à traduire en langage pratique.” (Breton , 1924:page 136)

dans le Second Manifeste du Surréalisme:

"Tout porte à croire qu’il existe un certain point de l’esprit d’où la vie et la mort, le réel et l’imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l’incommunicable, le haut et le bas cessent d'être perçus contradictoirement” ( Breton , 1929: page 189)

La poésie surréaliste nous parle en images, l’image est une création pure de l’esprit, l’image est avant la pensée.

Elle vient de la conscience et le poète surréaliste écrit en relation étroite avec son être intérieur. Il relie ensemble plusieurs images de la réalité pour en faire jaillir une nouvelle qui séduit, plus par l’émotion qu’elle dégage que par le savoir. Dans la poésie surréaliste l’image est formée par le rapprochement de deux réalités éloignées l’une de l’autre, mais justes. Plus ces deux réalités sont à la fois éloignées et justes, plus l’image contient de puissance poétique. Le poète bouscule aussi la syntaxe et la logique pour enfermer l’émotion et l’empêcher de se dissoudre dans la monotonie d’une phrase ordinaire. Il nous rend l’image de notre premier regard. Les images des choses comme nous les voyons la première fois, avant qu’elles ne soient affadies par l’habitude de les regarder. Notre regard ignorant. Par exemple Valéry écrit “soleil cou coupé”.

Il n’explique pas que le soleil ressemble à une tête au cou coupé. Il dit l’image exacte. Il n’est pas nécessaire d’en comprendre le sens pour en subir l’émotion.

Le poète peint avec les mots les images exactes de la réalité. Pour apprécier la poésie surréaliste il ne faut pas utiliser son savoir. “Mais demeurer dans la minute de l’image”.

Comme le dit Bachelard. Se laisser envahir par les images, les laisser soulever en nous des émotions, sans chercher à les nommer. Ces émotions dépassent les mots, résonnent au tréfonds de notre être, là où le poète en chacun de nous attend qu’on le réveille. Paris pendant la guerre”, de Paul Eluard.

Paris pendant la guerre

Les bêtes qui descendent des faubourgs en feu,

Les oiseaux qui secouent leurs plumes meurtrières,

Les terribles ciels jaunes, les nuages tout nus

Ont, en toute saison, fêté cette statue.

Elle est belle, statue vivante de l’amour.

O neige de midi, soleil sur tous les ventres,

O flammes du sommeil sur un visage d’ange

Et sur toutes les nuits et sur tous les visages.

Silence. Le silence éclatant de ses rêves

Caresse l’horizon. Ses rêves sont les nôtres

Et les mains de désir qu’elle impose à son glaive

Enivrent d’ouragans le monde délivré. ( Eluard, 1924:page 167)

Ainsi dans "Paris pendant la guerre," Paul Eluard fait des juxtapositions ironiques qui sont une autre façon de ne pas suivre des règles. Lesjuxtapositions ironiques sont une surprise pour les lecteurs. Par exemple, Eluard dit "silence éclatant" même si ça n’est pas possible. Peut-être, il essaie de dire que le force du silence peut être aussi fort, ou même plus fort, que dire des mots. Dans le deuxième strophe il parle des "flammes du sommeil sur un visage d’ange." Les flammes peut- être évoquent une image d’enfer, qui est mal assortie avec l’image d’ange. Le thème d’amour dans le poème est aussi un peu ironique parce que l’amour est une belle chose agréable, mais il se réalise au milieu de la guerre et la violence à Paris.

Eluard utilise aussi quelques sonorités dans le poème. Dans le premier vers, il fait un allitération avec les mots "faubourgs en feu." Le son "fff" souligne la force des images d’un feu qui brûle. Il le refait dans le troisème vers avec les mots "nuages tout nues", qui crée un ton doux et calme avec la répétition du son "n." Au contraire, dans la deuxième strophe, il répète le son "v" en disant les mots "vivante", "ventres", et "visages." Ce son est un son discordant et dur qui évoque des émotions de violence. Eluard aussi fait des rimes dans la première strophe avec les mots "nus" et "statue", et aussi dans la dernière strophe avec "rêves" et "glaive." Il fait également quelques liasons entre les strophes dans le poème. Il parle des meurtrières dans la première strophe, et plus tard il parle d’un glaive, qui peut être utilisé pour un meurtre. Dans la dernière strophe, il parle d’un ouragan, qui est sembable à un orage de neige dont il a parlé avant. Aussi, la violence des orages est comme la violence qui existe à cause de la guerre à Paris.

IV      2. La Poésie Surréaliste De Paul Eluard

L’amour la poésie

La terre est bleue comme une orange

Jamais une erreur les mots ne mentent pas

Ils ne vous donnent plus à chanter

Au tour des baisers de s'entendre

Les fous et les amours

Elle sa bouche d'alliance

Tous les secrets tous les sourires

Et quels vêtements d'indulgence À la croire toute nue.

Les guêpes fleurissent vert

L'aube se passe autour du cou

Un collier de fenêtres

Des ailes couvrent les feuilles

Tu as toutes les joies solaires

Tout le soleil sur la terre

Sur les chemins de ta beauté. ( Eluard, 1929 : page 167)

Eluard a toujours eu le génie des titres et celui du recueil L'amour la poésie (sans virgule) retiendra notre attention. La terre est bleue comme une orange est le premier vers du 7ème poème du premier chapitre "Premièrement" composant le recueil "L'amour la poésie" dont le titre lui fut inspiré par sa fille de 10 ans (l’enfance créatrice, encore et toujours chez les surréalistes) . "L'amour la poésie" fut publié en 1929 et fait suite au premier recueil Capitale de la Douleur. On sait que le couple Eluard-Gala connaît quelques tensions, qu'elle a déjà à cette époque l'intention de quitter Eluard pour un jeune peintre aux fringantes moustaches Salvador Dali. Les premiers poèmes de "premièrement" dont le septième, "la terre est bleue" nous rappellent ce que furent les amours d'Eluard et de sa muse Gala dans les premières années, un temps ou l'amour était poésie. "L'amour la poésie" contient les plus beaux poèmes d'Eluard.

L'image d'une terre céleste: Si déroutante à la première lecture, l'image éluardienne a toujours sa raison d'être, sa logique interne. "La terre est bleue comme une orange" est une comparaison/ métaphore qui dans une première lecture peut apparaître absurde mais qui finit par imposer sa légitimité et ne cesse plus à qui la médite de livrer ses richesses. La terre et l'orange ont toutes deux cette plénitude sphérique sans laquelle il n'y a pas de bonheur. La couleur bleue est porteuse de félicité car elle se rattache à l'azur du ciel, à l'air, à l'idéal (comme dans les poésies de Mallarmé, poète de la fin du XIXe siècle). Autrement dit ce premier vers peut s'écrire "la terre est céleste". En outre cette terre est comme un fruit, pas n'importe lequel, une orange, le fruit des fêtes que l'on offrait à Noël, lumineux,riche, plein de vie. Notre planète, aux trois quarts recouverte d'eau nous apparaît bleue mais cependant illuminée du rayonnement orange du soleil. En quelques mots Eluard nous donne l'image d'une terre céleste comme un beau fruit de fête, elle en a la rondeur, le pulpeux, le parfum. La métaphore n'est donc pas aussi absurde qu'il y parait, elle est légitime, explicable, toute en nuance, en connotations comme souvent chaque métaphore en poésie.

La femme autre métaphore de la terre: Lorsque "l'amour agile se leva", qui débute le chapitre "premièrement" la terre devint alors "bleue comme une orange", c'était la félicité. La métaphore est clairement explicite dans le poème 23 dans laquelle Eluard décrit Gala comme "Une étoile nommée azur/Et dont la forme est terrestre". La métaphore était déjà annoncée dans "le miroir d'un moment" de "Capitale de la douleur" avec ce vers : "Ta chevelure d'oranges dans le vide du monde" rappelant la chevelure blonde, dorée, de Gala. C'est également dans ce poème que se trouve "Le temps se sert de mots comme l'amour". La métaphore est confirmée dans les derniers vers du poème "Tu as toutes les joies solaires/Tout le soleil sur la terre" et ses chemins sont ceux de la beauté comme les chemins sur terre peuvent être beaux. La terre est bleue comme une orange prend alors tout son sens, Le visage rond de Gala avec sa chevelure d'orange, ses yeux bleus peut être comparé à la terre. Gala miroir de l'univers, dans l'œuvre d'Eluard aucune métaphore n'est plus insistante que celle là. Dans ce sens les mots ne mentent pas.

Un amour folie : La passion est désormais devenue douloureuse par le désamour de l'être aimé. Les poèmes de "Premièrement" s'enchaînent, mêlant les mots tendres de l'amour fait de baisers, de caresses. Les poèmes se déroulent en respectant la chronologie des débuts encore hésitants jusqu'à la séparation qui fait mal. Eluard nous rappelle dans ce poème ce que fut l'âge d'or de sa passion avec Gala lorsque chacun s'avouait avec sincérité son amour. Pas besoin de romances, de chanson, d'artifices pour affirmer son amour mais une entente autour de baisers. L'amour est folie, oubli total de soi-même. Eluard est suspendu à cette bouche qui garde ses secrets comme elle délivre des sourires. Les vêtements sont de circonstance, on est indulgent sur leur légèreté, leur transparence faisant croire que l'on est presque nue.

Des souvenirs heureux : Dans le second quatrain Eluard énumère des images de bonheur. "Les guêpes fleurissent vert", le vert symbolise la jeunesse, les guêpes sont probablement une allusion à la mince taille de Gala, elles fleurissent, c'est à dire éclosent, arrivent à maturité sexuelle encore jeune. L'aube autour du cou représente les embrassades au coucher des deux amants à une heure plutôt matinale, au lever du jour . On sait qu'Eluard qui était terrorisé comme tous les malades par la nuit et aimait les soirées nocturnes. Eluard ne se levait que très tard. Les fenêtres au pluriel sont des ouvertures qui laissent passer l'air qu'Eluard avait si peur de manquer. Gala avec son collier de fenêtres, c'est l'air dont il a besoin et que porte symboliquement cette femme qui lui donne ainsi vie.

Conclusion : La terre est bleue comme une orange, ou comment une chevelure d'orange, des yeux bleus vont donner à un visage l'apparence de félicité de notre globe terrestre et devenir l'un des vers les plus célèbres de la littérature. Avec des mots simples, des métaphores, des phrases un peu décalées, symboliques, Eluard dit tout son amour à celle cependant qui a décidé de le quitter. Que son chant d'amour est beau.

IV      3. La Poésie Surréaliste De René Char

Allégeance

Dans les rues de la ville, il y a mon amour.

Peu importe où il va dans le temps divisé.

Il n'est plus mon amour : chacun peut lui parler.

Il ne se souvient plus qui, au juste, l'aima.

Il cherche son pareil dans le vœu des regards.

L'espace qu'il parcourt est ma fidélité.

Il dessine l'espoir, puis, léger, l'éconduit.

Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse.

À son insu, ma liberté est son trésor !

Dans le grand méridien où s'inscrit son essor,

Ma solitude se creuse.

Dans les rues de la ville, il y a mon amour.

Peu importe où il va dans le temps divisé.

Il n'est plus mon amour : chacun peut lui parler.

Il ne se souvient plus qui, au juste, l'aima

Et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ! (Char ,1934: page 178)

Pour comprendre Allégeance tel que René Char l’a voulu, il faut savoir que mon amour représente la poésie dont le poète est l’amant et à qui il fait allégeance. Le poème une fois poli et terminé après un travail de maturation est ainsi arraché au poète et livré au public : chacun peut lui parler. Il perd alors la mémoire de celui qui l’aima, il n’appartient plus au poète. Le moment du départ est donc un arrachement et une fin : le temps divisé. Mais c’est aussi le début d’une autre vie pour le poème métaphoriquement décrit comme un grand oiseau : où s’inscrit son essor et qui parcourt l’espace.

C’est le moment où il va prendre son sens - et c’est en cela que réside sa fidélité - à la recherche de celui qui est digne de le comprendre et de l’aimer : Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L’impact qu’il aura, l’espoir qu’il fera naître, ne dépendra pas de lui mais de la qualité de ceux qu’il rencontrera. Cependant le poète fidèle à son serment d’Allégeance librement consenti continue à vivre en lui comme une épave heureuse, comparaison éveillant l’image d’un navire englouti au fond de l’océan figurant le secret et le mystère liés à la création poétique. L’oxymore: épave heureuse dont le premier mot évoque l’abandon, la déchéance, en contradiction avec l’épithète heureuse, décrit le sort du poète oublié, devenu anonyme, séparé de sa création mais qui ressent encore le bonheur de la fidélité malgré l’éloignement et la dépossession.

IV      4. La Poésie Surréaliste De Paul Valéry

Le Cimetière marin

Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes ;

Midi le juste y compose de feux La mer, la mer, toujours recommencée Ô récompense après une pensée

Qu’un long regard sur le calme des dieux !

Quel pur travail de fins éclairs consume Maint diamant d’imperceptible écume, Et quelle paix semble se concevoir !

Quand sur l’abîme un soleil se repose, Ouvrages purs d’une éternelle cause, Le Temps scintille et le Songe est savoir.

Stable trésor, temple simple à Minerve,

Masse de calme, et visible réserve, Eau sourcilleuse, Œil qui gardes en toi Tant de sommeil sous un voile de flamme, Ô mon silence !... Édifice dans l’âme, Mais comble d’or aux mille tuiles, Toit !

Temple du Temps, qu’un seul soupir résume, À ce point pur je monte et m’accoutume,

Tout entouré de mon regard marin ;

Et comme aux dieux mon offrande suprême, La scintillation sereine sème

Sur l’altitude un dédain souverain.

Comme le fruit se fond en jouissance, Comme en délice il change son absence Dans une bouche où sa forme se meurt, Je hume ici ma future fumée,

Et le ciel chante à l’âme consumée

Le changement des rives en rumeur.

Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change !

Après tant d’orgueil, après tant d’étrange Oisiveté, mais pleine de pouvoir, Je m’abandonne à ce brillant espace, Sur les maisons des morts mon ombre passe Qui m’apprivoise à son frêle mouvoir.

L’âme exposée aux torches du solstice, Je te soutiens, admirable justice De la lumière aux armes sans pitié !

Je te tends pure à ta place première,

Regarde-toi !... Mais rendre la lumière Suppose d’ombre une morne moitié.

Ô pour moi seul, à moi seul, en moi-même, Auprès d’un cœur, aux sources du poème, Entre le vide et l’événement pur, J’attends l’écho de ma grandeur interne, Amère, sombre, et sonore citerne, Sonnant dans l’âme un creux toujours futur !

Sais-tu, fausse captive des feuillages, Golfe mangeur de ces maigres grillages, Sur mes yeux clos, secrets éblouissants, Quel corps me traîne à sa fin paresseuse, Quel front l’attire à cette terre osseuse ? Une étincelle y pense à mes absents.

Fermé, sacré, plein d’un feu sans matière, Fragment terrestre offert à la lumière, Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux, Composé d’or, de pierre et d’arbres sombres, Où tant de marbre est tremblant sur tant d’ombres ; La mer fidèle y dort sur mes tombeaux !

Chienne splendide, écarte l’idolâtre ! Quand solitaire au sourire de pâtre, Je pais longtemps, moutons mystérieux, Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes, Éloignes-en les prudentes colombes, Les songes vains, les anges curieux !

Ici venu, l’avenir est paresse.

L’insecte net gratte la sécheresse ;

Tout est brûlé, défait, reçu dans l’air À je ne sais quelle sévère essence. La vie est vaste, étant ivre d’absence, Et l’amertume est douce, et l’esprit clair.

Les morts cachés sont bien dans cette terre Qui les réchauffe et sèche leur mystère. Midi là-haut, Midi sans mouvement En soi se pense et convient à soi-même. Tête complète et parfait diadème, Je suis en toi le secret changement.

Tu n’as que moi pour contenir tes craintes ! Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes Sont le défaut de ton grand diamant.

Mais dans leur nuit toute lourde de marbres, Un peuple vague aux racines des arbres A pris déjà ton parti lentement.

Ils ont fondu dans une absence épaisse, L’argile rouge a bu la blanche espèce, Le don de vivre a passé dans les fleurs ! Où sont des morts les phrases familières, L’art personnel, les âmes singulières ? La larve file où se formaient les pleurs.

Les cris aigus des filles chatouillées, Les yeux, les dents, les paupières mouillées, Le sein charmant qui joue avec le feu, Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent, Les derniers dons, les doigts qui les défendent, Tout va sous terre et rentre dans le jeu !

Et vous, grande âme, espérez-vous un songe Qui n’aura plus ces couleurs de mensonge Qu’aux yeux de chair l’onde et l’or font ici ? Chanterez-vous quand serez vaporeuse ? Allez ! Tout fuit ! Ma présence est poreuse, La sainte impatience meurt aussi !

Maigre immortalité noire et dorée, Consolatrice affreusement laurée, Qui de la mort fais un sein maternel, Le beau mensonge et la pieuse ruse ! Qui ne connaît, et qui ne les refuse, Ce crâne vide et ce rire éternel !

Pères profonds, têtes inhabitées, Qui sous le poids de tant de pelletées, Êtes la terre et confondez nos pas, Le vrai rongeur, le ver irréfutable N’est point pour vous qui dormez sous la table, Il vit de vie, il ne me quitte pas !

Amour, peut-être, ou de moi-même haine ? Sa dent secrète est de moi si prochaine Que tous les noms lui peuvent convenir ! Qu’importe ! Il voit, il veut, il songe, il touche ! Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche, À ce vivant je vis d’appartenir !

Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d’Êlée !

M’as-tu percé de cette flèche ailée Qui vibre, vole, et qui ne vole pas ! Le son m’enfante et la flèche me tue ! Ah ! le soleil. Quelle ombre de tortue Pour l’âme, Achille immobile à grands pas !

Non, non !... Debout ! Dans l’ère successive ! Brisez, mon corps, cette forme pensive ! Buvez, mon sein, la naissance du vent !

Une fraîcheur, de la mer exhalée, Me rend mon âme. Ô puissance salée ! Courons à l’onde en rejaillir vivant.

Oui ! Grande mer de délires douée, Peau de panthère et chlamyde trouée, De mille et mille idoles du soleil, Hydre absolue, ivre de ta chair bleue, Qui te remords l’étincelante queue Dans un tumulte au silence pareil, Le vent se lève !. Il faut tenter de vivre ! L’air immense ouvre et referme mon livre, La vague en poudre ose jaillir des rocs !

Envolez-vous, pages tout éblouies !

Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies

Ce toit tranquille où picoraient des focs ! (Valéry,1920: page 228)

Le Cimetière Marin reste une réussite sans égale,beaucoup penseront le plus beau poème de Valéry et un des plus beaux des poésie surréaliste. Sans doute non moins que sa langue, sa pensée et sa puissance lyrique, son rythme et sa densité lui donnent cet éclat minéral de joyau incorruptible. Ainsi, continue de lui accorder sa faveur et de le ranger, du moins certaines de ses parties, dans cette anthologie imaginaire de la poésie où voisinent les poèmes et les vers qui chanteront dans la mémoire des siècles.


CONCLUSION

Parmi les mouvements littéraires, le Surréalisme a été à l’avant-garde de son temps:

Dans le domaine de la pensée: il refuse le rationalisme et revalorise l’imaginaire et l’inconscient.

Dans le domaine des moeurs: il revendique la liberté au nom de l’amour.

Dans le domaine de la politique: Il a longtemps entretenu des liens étroits avec le parti communiste Français; il a fustigé la vie politique de son temps et a proposé de transformer le monde.

Le Surréalisme écrit ne se veut pas philosophique mais plutôt scientifique, comme le rappel toutes les expériences pratiquées sur le sommeil et le rêve. Bien que surtout présente dans la poésie et la peinture, le surréalisme s’est aussi manifesté dans d’autres domaines tel que le cinéma avec Bunuel ou dans les objets à fonctionnement symbolique, qui rendent visible l’insuffisance de l’objectivité intellectuelle.

Le surréalisme est né de l’horreur de la guerre, et existe à cause de la guerre. Ainsi donc en 1969, 3 ans après la mort de Breton, la mort du surréalisme sera annoncé, le groupe ayant accompli son œuvre : libéraliser le pensée, et surtout car il a perdu celui qui fut présent au sein du groupe tout le temps le dirigeant. Cependant le mouvement a marqué le siècle par la façon de sentir et de vivre les choses. En effet, l’opinion s’est ainsi ouverte à l’existence de perceptions différentes d’une même choses. A cause de, ou grâce à, l’orientation politique (vers le communisme dangereux pour certains, mais pas assez communiste pour d’autres) ; ou d’esthétique(écriture automatique trop simpliste bien que base), les membres du groupe ont beaucoup tourné, en se recrutant dans les cafés.

Le mouvement, qui existait au travers du monde par la modernisation des esprits, s’était regroupé sous le groupe français, sans cependant être d’accord avec tout. A la disparition du groupe français, il va disparaître à son tour, en temps que tel, pour devenir des mouvements « modernes ».

Cependant, l’art plastique, dominé par la poésie et la peinture durant le mouvement surréaliste, daté par les historiens, et ayant un coté mercantile et bourgeois, donc anti-révolutionnaire, se développera par la suite plus amplement.

Même si on ne considère le surréalisme que comme un mouvement politico- culturel des années 20-30, on ne peut nier l’influence et la trace de « l’état d’esprit surréaliste » a posteriori. En effet, le cinéma hier, la publicité aujourd’hui sont teintés de surréalisme, comme si le monde fictif que l’on nous propose était un monde surréaliste.

Dans une société où l’Homme s’enferme dans l’idéal de vie qu’on lui propose. Quelle place put-on accorder à l’acte surréaliste par excellence ?

Le Surréalisme signifie tant et si peu de choses à la fois. C’est un vaste univers par qu’on a la chance ou non de traverser un jour.

Traverser le surréalisme, c’est un peu comme traverser le désert du Sahara : c’est joli, on voit très loin à l’horizon, on ne se perd pas tant qu’on ne s’éloigne pas trop; et puis tout d’un coup le vent se lève, la tempête de sable commence, on n’y voit plus rien, ça pique les yeux mais on doit attendre que ça passe.

En tous cas, il est nécessaire de garder une chose à l’esprit, l’acte surréaliste est tout proche, c’est même à vous de le définir, il n’en sera que plus fort. On peut s’essayer au surréalisme sans prétention aucune et découvrir beaucoup de choses.

Le surréalisme proclame lui-même son arrêt de mort en 1969; il ne survit guère à la mort de Breton rassembleur et animateur du mouvement. Le surréalisme n’a pas « changé le monde » ou la vie comme il le souhaitait mais on peut dire avec Julien Gracq qu’il l’a « passablement oxygénée ».

BIBLIOGRAPHIE

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             Breton (André), Misère de la poésie, 1932

             Breton (André), Qu'est-ce que le surréalisme ?, 1934

             Breton (André), Champs magnétiques, 1920.

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             Tzara (Tristan), Vingt-cinq poèmes, 1918.

             Valéry (Paul), Le Cimetière marin, 1920

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